Olivier Clément

  (Article paru dans la revue Buisson Ardent N° 6 et dans la revue "Contacts" N° 184) [1]

 
L’expérience de Dieu

 Le starets Silouane ne parle que de Dieu et de la relation, souvent dramatique, de l’homme avec Dieu. Il tient pour inutile, voire dangereux, de lire journaux et livres profanes. Cela ne peut qu’égarer l’âme à la surface de l’histoire. Dieu suffit pour révéler à l’âme qui prie les problèmes et les souffrances des hommes. La véritable histoire engage le ciel et la terre ; la vision doit être verticale et non horizontale.

Métropolite Hiérothéos (Vlachos) de Nafpaktos [i]

 Tous ceux qui s’intéressent aux questions religieuses parlent de vie spirituelle, ayant en vue la voie par laquelle l’homme accédera au salut. Dans ce sens, toutes les dénominations chrétiennes, ainsi que plusieurs religions parmi les plus connues, parlent d’esprit et de vie spirituelle.

 L’expression « homme spirituel » est également utilisée pour désigner quelqu’un qui s’occupe de la vie culturelle, de tout ce qui se trouve au-delà du biologique donc, et, dans ce sens, on parle d’hommes spirituels en se référant à des personnes qui s’intéressent à la littérature, au théâtre, aux sciences, etc.[1]

En revanche, dans l’Église orthodoxe, quand on parle de personnes spirituelles, on entend des personnes dans lesquelles vit le Saint-Esprit, et qui, par là même, sont membres du Corps de l’Église, membres du Corps du Christ.

Dans ce qui suit, j’essaie de faire une courte analyse de cette réalité, et d’exposer ce qu’est la sainteté et comment l’homme peut y accéder. Autrement dit, quelle est la méthode suivie par tous les saints dans leur cheminement vers la déification.

Archimandrite Starets Syméon

(publié dans Buisson Ardent hors-série en 2012) [i]

 

 I. LA TRADITION

 Pour bien des gens, l’Église orthodoxe est, par excellence, l’Église de la tradition, c’est-à-dire l’Église qui se signale par une fidélité spéciale à son propre passé, celle où le passé s’est maintenu dans une pureté plus grande que dans les Églises occidentales. Cette appréciation ne manque pas d’ambiguïté. Pour les uns, c’est la reconnaissance d’une vertu, celle d’avoir su garder intact à travers les siècles le dépôt de la foi ; pour d’autres, au contraire, c’est l’indice d’une sclérose, d’une démission face aux exigences de l’époque à laquelle nous vivons.